Le masque de l'orgueil (Anton. S)


L'humilité! Dites-moi encore où se trouve celui qui la porte -de manière humble-? Non bien sur, on ne la trouve aujourd'hui que sous la forme de l'apparat. Et il faut comprendre, quel meilleur masque au vice sinon celui de la vertu? 

Elle est pour l'individu un voile adéquat à l'orgueil. Et encore une fois, il ne faut pas blâmer. C'est la morale qui blâme le "je"! Et voila que les hommes doivent se couvrir comme ils peuvent pour éviter le "blâme". 

Ainsi on trouve plusieurs genres d'individus dont les paroles pourraient avoir le ton de l'humilité. Un de ceux la fait preuve de la classique "fausse modestie". Astuce d'habilité médiocre consistant à refuser les louanges pour jouir d'une double reconnaissance quand il n'en mériterait qu'une: dans l'acte lui-même et dans l'hypocrite positionnement prit par rapport à celui-ci. 

Un deuxième genre obéit déjà à des lois plus subtiles échappant à une réaction morale. Il regroupe les individus qui sont frappés si fort par l'orgueil qu'ils ne peuvent qu'en devenir modeste. Et quoi ? Voyez donc! Jamais leurs faits et gestes ne semblent arriver à la hauteur démesurée de leur ego! Et les voilà de fait rentrés dans le dénigrement systématique de leurs actions, toujours trop basses à leurs gouts face au sommet de l'idée qu'ils se font d'eux-mêmes.

L'humeur des rats (Anton. S)



L'humeur du Parisien est teinté de la couleur du ciel qui l'illumine: un beau gris généreux. Et quand il fuit sa chape de brume-de-plomb, c'est pour disparaitre dans les souterrains du métro. Ses idées prennent alors la teinte des gros rats qui courent à ses côtés dans les longs couloirs poussiéreux -un noir sans équivoque-. 

La morosité ambiante est telle dans les tunnels de la capitale que tout signe de joie prononcé en devient suspect. On se choquerait quasi moins à présent de quelqu'un assis mollement sur son strapontin - mouillant son costume de larmes- plutôt que d'un individu à la figure frappée d'un sourire béat. 

Et c'est pour dire, les signes extérieurs de bien-être relèveraient presque d'un état anormal dans un milieu où la norme tend de façon épidémique vers la morosité. Quand bien même serions-nous avertis, il ne serait pas surprenant de jeter des yeux le soupçon du vice sur les individus à l'allure bienheureuse, et qui plus est, d'être tenté de choisir à pensée haute entre les deux seules raisons possibles de leurs joies: 

"Celui-là qui sourit ici-bas, est-il fou ou bien se moque-t-il de moi? "