Métaphilosophie du blog (Albert)

Qu'est-ce qu'un blog? Un journal intime que l'on expose sur internet pas écran tactile interposé?
Qu'est-ce qu'un blogueur? Quelqu'un qui pense avoir quelque chose à dire de suffisamment intéressant pour le partager? Je ne sais pas vu que je ne suis jamais allé sur aucun blog, et je m'en fout.
Je me fout de lire les impressions de Pierre ou Paul, les réactions en chaîne à une actualité téléguidée, je préfère encore lire de la littérature; c'est un choix, respectez le.

De même je me contrefout d'être lu, commenté par des internautes. L'internaute comme l'automobiliste sont des facettes de l'être humain que j'abhorre. Et moi même je n'y fait pas exception, derrière l'écran je deviens prétentieux, au volant j'insulte le connard qui me fait une queue de poisson. Certes il y a des initiatives plaisantes comme tout ce qui tourne autour du logiciel libre, de la gratuité du net. Mais n'importe comment à 29,99€ par mois, cette liberté et cette gratuité ont toujours quelque chose de galvaudé à mes yeux.

Je ne suis pas sur les résaux sociaux et je n'ai pas envie de me faire des amis sur le net, je préfère les contacts en chair et en os, je n'ai pas le temps de minauder sur la toile, en clair je suis d'une autre époque.

Alors pourquoi je publie des articles sur ce blog? Exclusivement pour maintenir un semblant de relation avec mon vieux pote Anton, au fond ce n'est qu'un prétexte.

Je méprise profondément toute sorte de techno-dépendance, à commencer chez moi, car charité bien ordonnée commence par soi même, une certaine dépendance à la radio en particulier. Mais hier j'ai éteint le poste, quand le président a dit qu'il fallait donner des cours sur le monde de l'entreprise à l'école dés le primaire s'en était trop. Le conservatisme qui me pousse à réagir assez violemment, exacerbé par les tentacules de plus en plus pénétrantes du monde et du langage de l'entrepris, entre parfois en contradiction avec l'usage que je fais moi même de ce vocabulaire technique au cours de mes activités professionnelles comme par exemple les expressions "au jour d'aujourd'hui", "entre guillemets", "précisément", "notamment", etc...

Notez qu'on est encore loin des consulting asset management.

Voici le genre de témoignages qu'on entend souvent dans les médias, la personne interrogée est une belle petite blonde de 17 ans: "Je veux faire une école de commerce, car je pense qu'avec la crise, ce serai le meilleur moyen de trouver un emploi stable et bien rémunéré."

Avouez modestement qu'avec cet état d'esprit a-poétique on est encore loin de la transition écologique.

Le capitalisme est criminogène et destructeur dans son mode de production, mais nous pauvres consomateurs on préfère fermer les yeux, si il y a une chose que j'essaye d'éclairer c'est cette hypocrisie générale, ce gavage généralisé.

Cette critique des valeurs de notre monde passe par la constitution analytique de stéréotype comme le sportif, le commercial, la féministe, le blaireau, etc... Mais une fois le concept constitué je le trouve toujours ingrat, même faux. Car derrière les stéréotypes il y a toujours l'humain, des milliers de petits détails humains comme sourire ou fumer une cigarette qui débordent ces concepts toujours trop réducteurs.

La réalité dépasse toute théorie, néanmoins j'estime qu'il y a un intérêt à développer ces concepts, ne serait-ce que pour avoir les deux versions des faits (celle du langage de l'entreprise qui recouvre tous les process et la mienne). C'est comme dire qu'elles sont toutes comme ça, ou qu'un bébé ça pue, c'est pas très sympa mais ça permet de contredire une vision angélique du monde, un surplus de bonheur et d'insouciance qui a toujours quelque chose de louche, comme ces gens très lisses qui entrent en furie à la moindre critique à cause d'un manque de mesure ou de partis pris bidons.

Une fois ces comportements stéréotypés identifiés on peut les appliquer au réel. Ceci nécessite une critique du jugement, et plus précisément de la proposition Il ne faut pas juger les gens.

Cette proposition signifie qu'il ne faut pas avoir de jugement arrêté, on doit la comprendre ainsi car au sens propre elle est absurde; juger est un acte nécessaire et suffisant. Si on ne jugeait pas nos semblables on se ferait bien trop souvent avoir, car l'humain, cet être aux mille visages peut être fourbe et inhumain.

Mécanique du jugement: je ne juge pas des personnes, mais des comportements, par la répétition de ces comportements je juge l'attitude globale de la personne, par l'attitude globale je juge la personne à une période de sa vie.

Mais parfois un simple coup d'oeil, un détail vestimentaire, ou une expression du visage permettent un jugement en procédure pénale accélérée. Ces procédures de comparution directe peuvent nous éviter bien des ennuis, mais seul le jugement étayé et soutenu dans le temps possède la fiabilité et l'objectivité d'un stéréotype, alors seulement on peut dire ce mec est vraiment un blaireau, jusqu'à preuve du contraire.

De la misogynie comme vexation (Anton. S)


Un jour je demandais à une de mes professeures de philosophie pourquoi la majorité des hommes - grands hommes y compris - avaient des tendances misogynes. Sa réponse fut simple et sans détour :

- « Mais parce que ce sont des hommes ! »

Une réponse sexiste qui sonnait comme une représaille bien méritée, et qui loin d’être dénuée de sens, appelait à s'attarder plus attentivement sur ses fondations souterraines.

Il existe chez les hommes une construction de l'identité virile qui se réalise à travers une pratique de la sexualité. Identité qui prend toute son importance quant au fait qu'elle influe directement autant sur le rapport à soi que sur le rapport aux autres. Les hommes s'identifient autant qu'ils sont identifiés en tant que tel en partie par le biais de leurs expériences sexuelles. Il faut rajouter à cela qu'ils subissent des assauts constants de pulsions sexuelles assez puissants pour qu'ils en viennent à tomber sous une double dépendance, autant naturelle que culturelle, quant à leur objet de désir - la femme -, et par là de subir du même coup une blessure à l'orgueil. Cela par le fait que l'identité virile, principe actif par excellence, tombe inévitablement dans une contradiction entre la nécessité de sa construction sexuelle active, et l'idée inacceptable pour elle de devoir dépendre de son objet de désir qu'elle ne voudrait que posséder.

La misogynie serait dans ce sens un aveu de faiblesse et une tentative d’autorégulation, ou plus précisément l’opposition d’une croyance à un désir inéluctable. Par la vexation causée par leurs penchants intarissables, les hommes se vengent donc par une considération diminuée de la nature de la femme. Ils voudraient transformer leurs désirs sexuels qui les réduisent en quasi-esclavage en une croyance de pseudo-supériorité sur elle. Par là ils tentent de reprendre un contrôle sur eux-mêmes qu’ils n’arrivent pas à obtenir, et n’arrivent finalement qu’à ne clamer une chose :

« Nous sommes trop faibles pour faire face à nous-mêmes, déplaçons donc le problème ailleurs, c’est-à-dire dans la nature même de la femme. Si nous ne pouvons rien faire face à nos pulsions sexuelles et leurs élans d'accomplissement, alors nous sommes à genoux devant la femme ainsi que devant nous-mêmes et cela est inacceptable pour notre dignité virile. Transformons-la en simple objet de plaisir, comme une simple chose que nous aimons à posséder en pleine volonté, mais jamais par nécessité. Par là, nous nous donnerons l’illusion de nous délivrer de notre asservissement envers elle. »

Le besoin d'une personne (Albert)

Une décennie de pets m'a décimé le cul. J'adore l'odeur du choux digèré et rendu.

La solitude impose une inertie de tous les instants. La compagnie permet l'oubli de soi et du temps, ou du moins leur mise en retrait. Au contraire, le solitaire est toujours face à un néant qu'il faut remplir d'activités; l'action étant encore le meilleur moyen de dompter ce vide dévorant. Entre deux activités il y a un gouffre de perplexité, de questionnements. Ce ne sont pas ces questions existentielles qui m'intéressent ici, mais les conditions matérielles et psychologique qui les autorise. Et toujours le besoin d'une personne à qui raconter quelque chose, un élément significatif, partageable de sa journée, et toujours ce besoin de partager une cigarette et un café.

AUTONOMIE ÉCONOMIQUE
DÉPENDANCE AFFECTIVE

Le besoin d'une personne c'est bien sur le besoin d'un groupe de personnes car à force de se frotter on s'irrite. L'herbe est toujours plus verte ailleurs. Mais au besoin d'une personne correspond aussi le besoin d'un lieu ou réside cette ou ces personnes. Ce lieu qu'on appelle "pays" ressemble aussi à d'autres lieux. Cette personne pourrait être remplacée par cette personne, pourtant elle est unique.

Comprendre ce que sont un col, et un plateau, visuellement, dans le paysage. Voir ce col de chemise de géant et ce grand plateau recouvert d'une nappe d'arbustes et de cailloux comme des lieux de vie ou de passage, ce fut pour moi une satisfaction. Le mont Fuji existe en face de chez moi, il s'appelle aussi le mont Ventoux, suite à un accident nucléaire peut-être qu'une vague géante venue du Rhône viendra compléter le tableau? Transhumance jusqu'à Lyon: ville romantique avec ses collines, sa géographie et son histoires. Lugdunum. Revoir les premiers néolithiques s'installer ici ou là sur la petite presqu'île... Au lieu de ça:

"On a pas le choix."
"Sauvez nos emplois."
"On a pas le choix."
"On a toujours habité là."
"On a pas le choix."
"Pour nos enfants notre crédit."
"On a pas le choix."
"Travail Famille Patrie."

Je devrais être un bon vivant poussé à l’extrême (Bernard) mais je suis mélancolique comme un slave. J'ai l'âme dépréciative et le cœur gros. Surtout le soir, quand je n'arrive pas à dormir. L'armure se lézarde. J'ai envie de dire je t'aime et je m'excuse. Objectivement je me trouve ignoble. Et pourtant je sais parfaitement que cette faiblesse de cœur n'est que passagère, mais récurrente; demain je redeviendrai dur comme un marbre, sûr de moi car la fierté ça aide. Mais quand on s'en dépouille (mais n'en est-on pas plutôt dépouillé par la nuit?) on a de nouveau quatorze ans.
Alors revient plus fort encore le besoin d'une personne, le besoin de la serrer contre soi, ce qu'on n'ose jamais faire en temps normal. Il faudrait profiter à fond de la personne regrettée comme si elle était déjà morte, au lieu de cela on se livre sans cesses à nos petits jeux pervers, à nos petites atrocités du quotidien.

Tout d'abord, une petite cabane dans les bois, quatre ou cinq hectares de terrain. Un fusil, des munitions, un couteau, des outils. Des chats. Une radio. Une personne du sexe opposé en âge de copuler, des amis et un paysage à contempler. Pour que le temps ne soit plus seulement l'oubli de sa fuite et la répétitions de facteurs aliénants et de jouissances expiatoires mais la dimension toujours régénératrice d'une existence sereine et autonome que ne viendrait plus mordiller les spectres morbides de l'isolement et l'angoisse réaliste à la folie d'une fin prochaine et d'une détérioration même des conditions de vie.

La question est alors la suivante. Si sacrifier sa vie pour une broutille au nom d'idées révolutionnaires n'est pas un comportement adéquat, comment exprimer la détermination totale à s'approprier son milieu et à continuer toutes les choses qui donnent en gros envie de vivre ici?

Contre le Ski (Albert)

Je n'ai rien contre l'activité en elle même mais contre le tourisme de masse auquel elle est associée. Et tout le monde est d'accord; du béton au milieu des alpages c'est pas top. Mais ce que les gens aiment c'est surtout la sensation de la glisse... Vitesse. Emotion. Plaisir.
C'est ce que je nomme le sensationnalisme du ski, une nouvelle idéologie de l'industrie du divertissement. 

Payer toujours payer pour exister socialement. Pour jouir enfin ne faire qu'un avec la nature. Une nature retrouvée comme vous vous retrouvez quand vous vous dépassez... Regardez-vous faire la queue au télésiège comme à l'usine, pauvres fous, que ne feriez vous pas pour vos méprisables sensations de liberté? Pour ces grands espaces dans un studio de 9m²...

Comment je suis devenu misogyne (Albert)

Avant de devenir particulièrement machiste j'étais seulement féministe et je vais brièvement dire pourquoi. J'étais et je reste féministe car j'ai du mal à supporter toute domination arbitraire, dans le cas présent qu'on rabaisse systématiquement un individu (une individu) en raison de son sexe, donc a priori, sans prendre en compte son individualité même. Dans la pratique j'aurai du mal à supporter un mari qui parle mal à se femme, qui la méprise ouvertement, etc... Si jamais ça arrive je laisse couler, après tout ce ne sont pas mes affaires, mais je ne reste pas indifférent, une soudaine envie de tuer m'envahit, une envie de remettre les choses à leur place, de remettre sur sa gueule tous les pains que peut foutre à sa femme ce paternel tout-puissant pour qu'il sente un peu ce que ça fait.

Bref, j'étais totalement dans la norme, dans le genre de conscience éthique qu'on peut s'attendre à trouver dans une sociale démocratie, et je le suis encore. Seulement il y a plus. Mon expérience personnelle m'ayant fait prendre conscience de l'existence d'une certaine domination féminine, j'ai compris que je devais donner au machisme toute sa positivité. Le machisme entendu ainsi ce ne serait plus la domination de l'homme sur la femme, mais la simple éthique du droit des hommes, une philosophie de la virilité qui ne soit pas forcément anti-femmes, tout comme la majorité des féministes ne sont pas anti-hommes, mais qui soit un avertissement contre ce qu'on peut appeler les archétypes de la domination féminine.

Ces archétypes sont par exemple, la crétinisation amoureuse, la mauvaise conscience hystérique, le masochisme féminin et la castration maternelle.

Mais loin de vouloir développer ici ces tares qui rendent le comportement féminin aussi peu appréciable que celui de son homologue masculin entrain de beugler "allez l'OM" dans une voiture de sport en écoutant de la mauvaise musique, je vais me contenter d’énumérer différents points qui m'ont fait passer de neutre voir favorable à misogyne. Et toujours je parle des comportements stéréotypés, je ne pense pas que tous les mecs soient des blaireaux ni que toutes les gonzesses soient des salopes, comme j'ai pourtant plaisir à le dire; ici je ne remet pas en cause des individus, mais au contraire l'homme ou la femme en général, cet être étrange auquel on doit tous ressembler sous peine d'inintelligibilité et de non-existence sociale.

Parce qu’elles ne disent jamais non, tellement compréhensives qu'on ne sait plus ce qu'elles pensent.

Parce qu’il faire le premier pas et les suivants.

Parce qu’elles aiment galérer et nous faire galérer.

Parce que les daleux trop en chien, les plans culs ça les dégoute.

Parce qu’elles croyaient qu'on étaient juste amis.

Parce qu’elles font tout pour nous faire bander et appellent ça de l'esthétique.

Parce qu’elles correspondent bien trop souvent aux chansons des bobos nourriture bio, guitare sèche.

Parce que j'ai vu le film Calmos récement.

Parceque le vie à deux est impossible.

Parce que "vous les mecs".

Je suis devenu misogyne.

On ne choisit pas ses enfants (Anton. S)



Le mécanisme de création reste généralement complètement incompris. Les artistes passent souvent à côté de la nature même de la source de leur art. Il faut voir par là que le choix conscient des idées n’existe quasiment pas, il y a une très grande part de la création qui est subie. Il s’agit bien de quelque chose qui survient spontanément. L'artiste pendant la création est confronté à quelque chose qui s’exprime à travers lui, il reçoit donc dans un premier temps et choisit par la suite ce qu'il estime être digne d'utilisation. Le travail de composition qui vient après se base avant tout sur ces premiers choix de tri, qui sont assemblés et mis en forme par la suite. Je me souviens d’un auteur français qui avait osé avouer ceci « quand j’écris, je ne sais pas où je vais aller. Je suis le premier lecteur de ma propre écriture et le premier surpris de ce qui sort ».