L'art ou de l'utilité suprême de l'esprit (Anton)


L’inspiration prend racine dans un manque qui veut être comblé ou d'un fardeau qui doit être déchargé. Elle est un gouffre sans fond qui veut être gorgée de création à défaut de l'être par l'objet réel désiré. Une grande partie de la création artistique possède une dimension sublimatoire en tant qu'elle procède par transposition nécessaire d'une forme à une autre.

 Si l'on peut protester en rappelant qu'une approche de la création vue sous l'angle du pur plaisir est possible, on butera malgré tout sur le problème de la nature du désir. Une approche gratuite de la création amènerait avec elle l'idée que nous pourrions agir sans cause précise, faisant apparaître du même coup des besoins développés ex nihilo. En refusant ce postulat, l'expression artistique devient un besoin à part entière aussi nécessaire que n'importe quelle fonction vitale du corps.

 Au même titre qu'il est indispensable de rejeter certains éléments matériels de notre corps pour sa conservation et d'en absorber pour combler ses manques, l'esprit doit aussi exprimer certaines émotions reçues pour ne pas se consumer lui-même ainsi qu'en créer pour combler les vides où il pourrait sombrer. La création prenant ses racines dans le besoin et non dans une illusoire inspiration "géniale", la pseudo-condition supérieure de l’artiste devient donc complètement obsolète.

6 commentaires:

  1. Tu écris:

    Une approche gratuite de la création amènerait avec elle l'idée que nous pourrions agir sans causes précises, faisant apparaître du même coup des besoins développé ex nihilo.

    Oui mais justement, ce n'est pas une définition de l'instinct ou de l'intuition. Et en gros, la création de l'oeuvre d'art ne procède-t-elle pas en partie de cet "automatisme". Alors toi tu sembles situer les causes à un niveau plus profond, dans le "besoin" précisément. Quel besoin ça rèste à préciser, je dirai le besoin de s'épanouir, de faire quelque chose de ces mains.

    Mais peut être qu'au niveau de la conscience individuelle de l'artiste, cette cause profonde de la création n'est pas comprise, et l'artiste a parfois l'impression d'être guidé, déchainé, inspiré... de façon tout à fait gratuite et spontanée. Bien que parallèlement à ces moments de grâce, il développe aussi une démarche technique et rationnelle dans son domaine, moments de réflexions et études préalables.

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  2. Le besoin je pense le situer précisément même s'il prend plusieurs formes. Mais ce que tu dis est très intéressant , j'ai un texte sous la main qui répond à la question. Du coup au lieu de répondre ici je vais le poster, ca sera le prochain!

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  4. Zoosime tu parles de compréhension directe, il faut préciser. Est-ce que ça correspond à la différence entre intuition et réflexion?

    Parceque dire que "seul l'art permet une compréhension directe, sans préparation particulière" j'avoue que ça me parle pas vraiment. Autant dire l'art cause une émotion, par ce que le coup de la compréhension directe c'est un peu trop général non? Est-ce qu'on peut pas dire que quand je conduis ma voiture j'ai une "compréhension directe" de la route, et quand je mange mon repas une sorte de "compréhension directe" de la nourriture... enfin j'exagère un peu mais c'est pour essayer de mieux cerner ce que tu cherches à exprimer.

    Sans même parler de ce magnifique oxymore "comprendre l'incompréhensible", qui me donne envie de surenchérir en disant que l'art nous donne l'intuition du supra-sensible, position métaphysique que je soutient pas du tout par ailleurs.

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  6. Pour préciser, quand on parle de l'art, on parle soit du point de vue de l'artiste, du créateur soit du point de vue du spéctateur. L'émotion esthétique dont on parle ici, c'est clairement le point de vue du spectateur. Cette émotion qui est apparement sans compréhension: waouh c'est beau. Un beau tableau, un beau payasage, une belle sculpture. Pourtant il semble qu'il y ai aussi une part de réflexion, de jugement, de culturel, dans cette émotion esthétique: c'est beau, c'est fin, c'est techniquement réussi, bien travaillé, la beauté de tel ou tel forme, coup de pinceau, je la réflechis, la sépare du tout.

    Et puis du point de vue de l'artiste, on peut effectivement parler d'une connaissance sans savoir pour reprendre tes termes, l'exemple qui me vient c'est celui du pianniste, qui dans un premier temps apprend un morceau, note après note (analyse), là je fais un la mineur, en même temps qu'une série de doubles croches, et il faut être synchro, et c'est pas facile au début. Et puis grâce à l'habitude, la connaissance physique de ce morceau qu'on a dans les doigts qu'on interprète magistralement sans se dire: là c'est un do, quelle note je vais jouer maintenant.

    Donc, l'exemple de Bach est parfait. Il semble y avoir adéquation entre une construction musicale rigoureuse et un son harmonieux. Et ce sont ces rapports d'harmonie (nul musicien n'ignore la régularité mathématique de ces rapports de longueur d'onde) retrouvés mais comme par jeu dans l'improvisation musicale qui peuvent nous orienter vers une vision métaphysique de l'univers, alors que pour moi c'est juste le résultat empirique d'une pratique raisonnée.
    autre ex: les fréquences soit disant mystiques de certains chants mongols ou grégoriens

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