Sur le sol glissant de paris (Anton. S)


Sur le sol glissant de Paris, capitale de la glorification du travail, on a vite fait de trébucher sur un sentiment de haine envers son prochain. La nécessité de devoir s’entasser dans des transports en commun proches du débordement, dans une course contre la montre la journée entière, engendre une idée de la cohésion sociale douteuse. Dans un milieu où il n’y a littéralement ni le temps ni l’espace, la lenteur est devenue insupportable et les individus qui ne suivent pas la cadence folle sont considérés comme des encombrants.

Cette idée m’a été confirmée par une discussion tenue avec deux parisiens à propos des suicides sur les voies de métro. En parfait acteur fonctionnel de la société ils ne comprenaient pas que l’on puisse commettre de tels actes.
Un premier parisien me dit donc : « Un jour j’ai assisté à un suicide sur la voie, l’homme a sauté devant mes yeux, un de ses bras est venu s’écraser à mes pieds. J’étais couvert de sang, c’est dire la honte que j'ai ressentie en revenant chez moi ! Les gens me prenaient pour un meurtrier ! »

Un deuxième répondit « Surtout qu’ils pourraient aller se suicider ailleurs, ce n’est pas comme s'il n’y avait qu’une seule façon de se tuer ! Ils retardent les trains et nous empêchent d’aller travailler ! »

En effet, il y a des suicides plus intimistes et moins douloureux qu’un saut sous un wagon de métro. Ce qui laisse la liberté de déceler un certain message dans le geste non dénué de sens. Un individu qui en vient à se sentir inutile dans une société où la productivité est la plus haute des valeurs ne peut se voir que comme un obstacle qu’il faut faire disparaître. Voilà donc la belle idée de notre société moderne qui prend acte sous un métro, symbole de la frénésie des travailleurs parisiens.

6 commentaires:

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    1. "Dans ces moments particuliers, je préfère plutôt que de râler sur les râleurs, prendre le temps nouveau pour rattraper le temps passé, apparemment perdu. En effet il est bien plus long. Si je compte bien, il semble que deux minutes de ce temps passé à dormir debout dans l'attente d'un objectif à atteindre, deviennent six minutes dans ce temps présent, si vivant que les yeux s'ouvrent et les sens se dressent comme un seul homme."

      Tiens donc mais qui voila! Mais encore faudrait il apprendre à ne pas se perdre dans une trop grande frustration. la vitesse est la drogue des Parisiens et il ne faudrait pas trop leurs en priver trop longtemps , il y aurait bien plus de mort qu'un pauvre suicidé. Je te rejoins donc " C'est difficile de vivre dans un autre temps, un autre monde, sans y être préparé" d'où l'importance de sa propre observation pendant l'événement, sans quoi la conscience n'irait effectivement pas plus loin qu'un autre mauvais rêve qui pourrait même très vite tourner au cauchemar. Cela dit, je n'avais pas moi même pris conscience de cela. Tout juste ai-je eu dans ce cas précis une pensée pour le défunt et joué le jeux des mes compagnons d'infortune en soufflant de même: "Fais chier le mort! Je vais être en retard à la piscine!"

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  3. Mais enfin quoi pourquoi faire comme tout le monde jeune demoiselle et ne pas déceler l'ironie? Auriez vous oublier votre esprit sur votre porte manteau? Mes vrais compagnons d'infortune sont les rats et les cafards, oui oui, ceux que vous écrasez sans pitié.

    Nul pédagogie dans mes textes si ce n'est pour moi même, s'ils m'aident à me comprendre c'est déjà une grande chose. Mais apprendre quelque chose à quelqu'un ah! Redescendez donc Mademoiselle!

    Quant à la mort programmé de ce blog je vous ferais part qu'elle l'est autant pour chacune de vos cellules et du reste du monde! Et oui Mademoiselle! Les choses vont ainsi, même votre petit caniche d'amour sans âme la rendra.

    Mais ne pleurez pas! Je n'aime guère que les dames pleurent cela fait couler leurs si beau maquillage. Et après vous savez ce qu'il en advient n'est-ce pas? On voit leurs affreux visage! Épargnez moi donc ce spectacle.

    Si cela peut vous rassurer je connais très bien les jeux de langue, dans-ta-chatte-de-pucelle, alors merci de ton intervention brillante et au-revoir surtout.

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